en 2014
En 2014, le défi de Christophe Gans, un
passionné des films de Cocteau, est de réaliser un film à la hauteur de son
chef-d’œuvre, mais pour lui il ne s’agit pas de réaliser une adaptation
similaire de la « Belle et la Bête » mais de montrer un monde
différent de celui de Cocteau à partir du même comte :
« Cocteau a essayé d'explorer un aspect du conte ; on
peut explorer un autre aspect du même conte. Je m'en suis rendu compte en
découvrant une autre adaptation, tchèque, réalisée en 1978 par Juraj Herz,
absolument somptueuse, très différente de celle de Cocteau et de la mienne ».
En effet, Le but du réalisateur était
avant tout de revenir aux origines du conte. Pour lui, le défi était de faire
une véritable adaptation du conte (version longue) écrit en 1740 par Madame de
Villeneuve. Il voulait aussi créer une ambiance féerique totalement différente
de ce que l’on a connu jusqu’à présent:
«
Avec ma co-scénariste Sandra Vo-Anh, nous nous sommes demandés qui incarnait le
mieux la féerie dans l'esprit des spectateurs actuels. Instantanément, son nom
est sorti. Effectivement, il y avait dans le projet d'adapter La belle et la
bête quelque chose pouvant croiser les univers chers par Miyazaki. Ce cinéaste
fait souvent référence aux vieilles traditions animistes japonaises dans ses
films d'animation. Il crée des panthéons, pas seulement des bestiaires, avec
des créatures inférieures ou grandes. Ses personnages humains croisent la route
de créatures vivant dans la forêt ou la montagne. On pouvait trouver ça dans le
conte à l'origine de La Belle et la bête ; l'inspiration venait des vieilles
légendes gréco-latines assez animistes, assez panthéistes, axées sur des
créatures divines, habitant des régions inconnues ou reculées. C'est comme le
domaine de la bête où l'on arrive un peu par hasard, comme une poche de
printemps à l'intérieur d'un hiver dans la montagne. Ce genre d'évocation croise
l'univers de Miyazaki.»
![]() |
Hayao Miyasaki |
Il cherche aussi à répondre à la question
du bien et du mal à travers notamment le personnage de la Bête. Il veut montrer
que tout homme a ses qualités et ses défauts et qu’ils sont indissociables tout
comme Miyazaki dont les personnages ont toujours une part sombre dans un
univers lui-même contrasté.
« L’idée du
bien et du mal s'avère très relative. A ce titre, Le voyage de Chihiro est un
moment de cinéma absolument éblouissant. Princesse Mononoké aussi. Est-ce que
cette princesse est un bon ou un mauvais personnage ? Je ne sais pas. Je crois
que l'apport de Miyazaki dans l'univers de l'animation, c'est d'avoir enfin
révélé à plein de gens qui avaient, soyons honnêtes, de la merde dans les yeux
un traitement en demi-teinte, adulte sur des personnages pourtant animés. Ce
qui rapproche de Miyazaki, plus encore que les personnages ambivalents, c'est
le rapport très fort à la nature, la grande interrogation qui traverse notre
civilisation : quelle est la part de divinité dans la nature ? Quelle est la
part de divinité dans l'homme ? J'essaye à mon niveau de répondre à cette
question dans La Belle et la Bête avec cette histoire du prince maudit qui a
tiré sur un animal sacré, qui se révèle être en réalité quelqu'un qui de cher. Je pense, en effet, que la
nature possède une part divine. »
Voici une petite vidéo pour résumé le tout:
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