mardi 12 mai 2015

 Deux explorations différentes du comte



Le film est une adaptation littéraire inspiré du conte La Belle et la Bête du recueil le magasin des enfants de Madame Leprince de Beaumont datant de 1757. Le conte de Madame Leprince de Beaumont est un conte ayant pour but de distinguer laideur et beauté sur le plan physique et moral. Le conte oppose des personnages doubles dans lesquels identité physique et morale ne s’articulent pas. D’un côté, les deux sœurs de Belle ont le physique et le comportement de deux princesses mais sont profondément égoïstes, paresseuses et jalouses. De l’autre côté, la Bête se trouve pourvue d’un physique monstrueux mais au fond est pleine de tendresse et de générosité.




« L’enfance croit ce qu’on lui raconte et ne le met pas en doute. Elle croit qu’une rose qu’on cueille peut attirer des drames dans une famille. Elle croit que les mains humaines d’une bête qui tue se mettent à fumer et que cette bête en a honte lorsqu’une jeune fille habite sa maison. Elle croit mille autres choses bien naïves. C’est un peu de cette naïveté que je vous demande et, pour nous porter chance à tous, laissez-moi vous dire quatre mots magiques, véritable « Sésame ouvre-toi de l’enfance » 

Jean Cocteau




Dans ce film, le but de Jean Cocteau est que l’on ouvre son esprit pour se mettre à la place d’un enfant, c’est-à-dire voir les choses tout simplement, se laisser submerger par l’esprit magique d’un comte et ainsi poser un regard un peu naïf sur un film moralement intéressant : peut-on et doit-on aimer quelqu’un en dépit de sa laideur physique ? L'intention de Cocteau était donc plutôt de montrer le merveilleux. De plus selon Christian Gans «  La force de Cocteau, c'est d'avoir inscrit son œuvre d'une manière oblique, il n'essaye pas de fermer complètement ses créations, il a ce souci de les laisser un peu ouvertes, comme s'il voulait inviter des perceptions différentes. Peut-être percevait-il aussi au fil du temps que la façon de recevoir ce qu'il avait fait, en tant que poète ou en tant que cinéaste, allait changer […] ». Comme tout comte / fable, le film de Cocteau est intemporel : Il ne se situe vraiment dans aucune époque, et la temporalité au sein même du film est contrariée ; les espaces-temps sont multiples. Le jour et la nuit ne sont pas synchrones. La Bête déclare : « Ma nuit n’est pas la vôtre. Il fait nuit chez moi. C’est le matin chez vous. » Ces paroles mettent en avant le fait qu’outre plusieurs temps, il est aussi plusieurs mondes, que les personnages peuvent traverser.


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